Randonner en hiver

Article tiré du site de la fédération française de randonnée.

Bref rappel physiologique

Quelle que soit la température ambiante, l’organisme va toujours essayer de maintenir sa température centrale aux alentours de 37° ; lorsque celle ci s’abaisse on dira qu’il y a faillite de la régulation et hypothermie.

Pour lutter contre le froid :

- L’organisme essayera de diminuer sa déperdition de chaleur par une bonne protection vestimentaire ; il va réduire le calibre des vaisseaux qui amènent le sang chaud aux extrémités comme les mains et les pieds afin de limiter encore cette perte de chaleur.

- Il va aussi essayer d’augmenter la quantité de chaleur produite. Le frisson est un moyen mais faible, par contre en augmentant son activité, il produit une quantité de chaleur conséquente, puisque 75% de l’énergie produite pour fournir l’effort est transformée en chaleur.

 

Quelles sont les caractéristiques spécifiques de la randonnée en hiver ?

1. Les journées sensiblement moins longues : elles nous imposent de réduire nos itinéraires, afin d’éviter de rentrer à la nuit tombée ; il devient alors plus difficile de se repérer, et la température extérieure va décroître plus vite au moment ou l’organisme qui a fourni l’effort de la journée, fatigue et diminue ses résistances.

2. Il fait plus froid : La température extérieure est plus basse, il n’est pas rare d’observer au moins le matin et le soir, des températures négatives. Et puis il est une notion importante à intégrer tout de suite : la température n’est pas le seul indicateur de froid : les mouvements de l’air, le vent en particulier majore considérablement ce phénomène. Un thermomètre à l’abri indiquera une température toujours supérieure que le même instrument exposé au vent. Une règle grossière nous indique que la température décroît de manière proportionnelle à la racine carrée de la vitesse du vent en Km/h : si, par exemple, la température à l’abri est de 10°, et si le vent souffle à 25 Km/h, ce qui n’est pas exceptionnel, la température ressentie dans ces conditions sera 5 fois plus basse c’est à dire, 2° ! On n’ose même pas envisager les températures négatives...

 3. Il fait plus humide, il peut pleuvoir, neiger : en fait l’humidité ambiante n’est pas un facteur d’aggravation du froid. Par contre l’humidité des vêtements, que cela soit du à la sueur, aux précipitations va entraîner une déperdition de chaleur très importante par convection.

 

Quels sont les risques encourus ? 

1. Se perdre si la nuit est tombée et que l’on ne connaît pas bien son itinéraire. 

2. Etre l’objet des complications dues au froid : l’hypothermie ou baisse de la température centrale, les troubles des extrémités à type d’onglée, d’engelures, exceptionnellement de gelures, puisque, on l’a vu, du fait de la vasoconstriction des vaisseaux des extrémités, s’il y a moins de déperdition de chaleur, ces extrémités en reçoivent moins et sont par ailleurs moins bien approvisionnées en oxygène et éléments nutritifs.

 

Comment éviter ces ennuis ?

1. Bien préparer sa randonnée :

- Le parcours doit se terminer avant la tombée de la nuit,

- Il doit éviter les passages par des endroits exposés au vent.

- Enfin, il ne faut pas hésiter à renoncer dans le cas de conditions météo véritablement épouvantables.

2. Soigner son équipement vestimentaire :

- Se vêtir correctement : chaudement au départ de la randonnée, il ne faudra pas hésiter à ôter des vêtements des que la chaleur produite par le corps devient importante et occasionne une gène ; au contraire, il faut tout de suite se recouvrir lors des pauses ou arrêts.

- L’idéal en matière de protection vestimentaire : le système des 3 couches.

- Un vêtement hydrophobe, c’est à dire qui évacue la sueur, contre la peau,

- Un vêtement isolant, qui emprisonne bien l’air entre ses fibres ; ex : laine polaire,

- Enfin un vêtement coupe vent et si possible imperméable mais respirant.

3. Prendre un soin particulier des extrémités et parties exposées :

- Le bonnet ou la casquette protégeront la tête dont la peau très vascularisée peut laisser échapper une grande quantité de chaleur.

- Les gants seront isolants et recouverts d’un tissus qui assure une certaine imperméabilité en cas de précipitation ; des sous gants en soie ou matière isolante peuvent être utilisés chez les sujets plus sensibles ; ces derniers auront une meilleure protection s ils utilisent des moufles.

Si les gants sont mouillés, ils perdent non seulement leur pouvoir isolant mais augmentent de manière importante le refroidissement par conduction ; il sera alors souhaitable d’en changer si l’on a pris la précaution d’en prendre une autre paire sèche, sinon les enlever et protéger ses mains du mieux possible(poches, sous les aisselles….).

- Les chaussettes, à bouclettes en laine ou matière moderne à fort pouvoir isolant, seront surtout maintenues le plus sèches possible grâce au port de chaussures à membrane respirante mais étanches. Les chaussures de randonnée seront soigneusement rangées après avoir été nettoyées et reçu les traitements spécifiques à la matière les composant ; les chaussures modernes sont en principe imperméables et respirantes.

- Emporter dans son sac, des vêtements de rechange chauds et surtout secs, rangés eux meme dans un sac étanche (sac poubelle), les sacs à dos sont rarement imperméables.

4. Conseils plus !

- La couverture de survie : très utile en cas d’accident, elle peut nous permettre de parfaire un abri en cas de survenue de très mauvais temps.

- L’alimentation : riche en sucres lents la veille, il ne faut pas hésiter à grignoter plus souvent, car on consomme plus l’hiver en randonnée et on fatigue plus vite.

- Un thermos avec une boisson chaude sera le bienvenu pour réchauffer le corps …et le cœur !

 

Comment reconnaît-on une hypothermie et que faire ?

Elles sont loin d’avoir le caractère parfois gravissime que l’on va retrouver en montagne, il faut cependant savoir les reconnaître. L’individu est le plus souvent pale, fatigué il avance difficilement, parfois somnolent, souvent désintéressé par son environnement. Il y a faillite de ses possibilités de régulation. Il faut alors l’aider à rejoindre le plus rapidement possible un endroit ou la température est plus clémente voire confortable, le mettre au repos et lui faire boire des boissons chaudes( thé, soupes…), jusqu’à ce que son organisme soit capable de fabriquer à nouveau la chaleur qui lui est nécessaire.

 

Et les extrémités, les mains les pieds ?

Dès que l’on a des sensations de froid au niveau des extrémités, on vérifie que les gants ou chaussettes sont bien secs, que les doigts et les orteils ne sont pas trop serrés. Si il s’agit des mains, des moulinets permettront à une meilleure circulation de s’établir avant de les glisser sous les aisselles. La non plus nous ne parlerons pas de gelures graves. Toutefois l’exposition au froid et à l’humidité peut entraîner au niveau des doigts et des orteils des « onglées », des gelures superficielles, des engelures .

Les doigts sont froids, pales, gourds, leur sensibilité diminuée. Le réchauffement devra se faire de manière progressive, en évitant de les mettre sur le radiateur ou en les immergeant dans de l’eau chaude. La circulation se rétablit, les doigts deviennent roses sinon rouges ; cette phase de réchauffement même progressive est souvent transitoirement douloureuse.

 

Dr Pierre Josué

Commission médicale de la FFRandonnée.